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[Transcriber's note:

The French-language etext below is followed by an English translation.

The source edition is at http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5612458x.]

Histoire du chien de Brisquet

Charles Nodier (1780-1844)

En notre forêt de Lions, vers le hameau de laGoupillière, tout près d'un grand puits-fontainequi appartient à la chapelle Saint Mathurin, il yavait un bonhomme, bûcheron de son état, qui s'appelaitBrisquet, ou autrement le fendeur à la bonne hache, etqui vivait pauvrement du produit de ses fagots, avecsa femme qui s'appelait Brisquette.

Le bon Dieu leur avait donné deux jolis petits enfants,
un garçon de sept ans qui était brun, et qui s'appelait
Biscotin, et une blondine de six ans qui s'appelait
Biscotine.

Outre cela, ils avaient un chien bâtard à poil frisé,noir par tout le corps, si ce n'est au museau qu'il avaitcouleur de feu; et c'était bien le meilleur chien du pays,pour son attachement à ses maîtres.

On l'appelait la Bichonne, parce que c'était peut-être unechienne.

Vous vous souvenez du temps où il vint tant de loups dansla forêt de Lions. C'était dans l'année des grandes neiges,que les pauvres gens eurent si grand-peine à vivre. Ce futune terrible désolation dans le pays.

Brisquet, qui allait toujours à sa besogne, et qui ne craignaitpas les loups à cause de sa bonne hache, dit un matin à Brisquette:«Femme, je vous prie de ne laisser courir ni Biscotin ni Biscotine,tant que M. le grand-louvetier ne sera pas venu. Il y aurait dudanger pour eux. Ils ont assez de quoi marcher entre la butte etl'étang, depuis que j'ai planté des piquets le long de l'étang pourles préserver d'accident. Je vous prie aussi, Brisquette, de nepas laisser sortir la Bichonne, qui ne demande qu'à trotter.»

Brisquet disait tous les matins la même chose à Brisquette. Unsoir il n'arrivait pas à l'heure ordinaire. Brisquette venait surle pas de la porte, rentrait, ressortait, et disait en se croisantles mains: «Mon Dieu, qu'il est attardé!»

Et puis elle sortit encore, en criant: «Eh! Brisquet!»

Et la Bichonne lui sautait jusqu'aux épaules, comme pour lui dire:
—N'irai-je pas?

«Paix! lui dit Brisquette.—Écoute, Biscotine, va jusque devers labutte pour savoir si ton père ne revient pas.—Et toi, Biscotin,suis le chemin au long de l'étang, en prenant bien garde s'il n'ya pas de piquets qui manquent.—Et crie fort: Brisquet! Brisquet!Paix, la Bichonne!»

Les enfants allèrent, allèrent, et quand ils se furent rejoints àl'endroit où le sentier de l'étang vient couper celui de la butte:

«Mordienne, dit Biscotin, je retrouverai notre pauvre père, ou lesloups m'y mangeront.»

«Pardienne, dit Biscotine, ils m'y mangeront bien aussi.»

Pendant ce temps-là, Brisquet était revenu par le grand chemin dePuchay, en passant à la Croix aux Anes sur l'abbaye de Mortemer,parce qu'il avait une hottée de cotrets à fournir chez Jean Paquier.

«As-tu vu nos enfants?» lui dit Brisquette.

«Nos enfants?» dit Brisquet. «Nos enfants? Mon Dieu! sont-ilssortis?»

«Je les ai envoyés à ta rencontre jusqu'à la butte et à l'étang,mais tu as pris par un autre chemin.»

Brisquet ne posa pas sa bonne hache. Il se mit à courir du côtéde la butte.

«Si tu menais la Bichonne?» lu

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