L'Illustration, No. 0021, 22 Juillet 1843
Nº 21. Vol. I.--SAMEDI 22 JUILLET 1843. Bureaux, rue de Seine, 33.--Réimprimé. Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque Nº 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Ab. pour les Dép.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr. Un an, 32 fr. pour l'Étranger. - 10 - 20 - 40
Les Meetings d'Irlande. Un meeting.--Courrier de Paris.--Établissementd'une École des Arts et Métiers à Aix. --Horticulture. Les roses.Tuteur anglais pour les Rosiers; Rosier maintenu par le Tuteur anglais,Rosiers pyramidaux du Jardin botanique d'Édimbourg.--Nouvelles duMuséum d'histoire naturelle. Animaux récemment arrivés (suite). Liond'Arabie; Guépard d'Abyssinie; Civette, Paradoxure.--Institut deFrance. Séance de l'Académie Française du jeudi 20 Juillet 1843;Histoire du monument élevé à Molière, par M. Aimé Martin; le Monument deMolière, poème par madame Louise Colet, couronné par l'Académie.Portrait de madame Colet; Salle de l'Institut.--Théâtres. Une Scèned'Oedipe à Colone; une scène de la Péri (1er acte) et le Pas del'Abeille (2e acte); les Contrebandiers espagnols; une Petite misèrede ta Vie humaine, par Grandville.--Bulletinbibliographique.--Annonces.--Réouverture du Musée royal. Sculptureschinoises.--Amusements des Sciences.--Rébus.
L'agitation continue en Irlande, mais sans incidents nouveaux, lesmeetings se succèdent nombreux et énergiques, et cependant la questionn'avance point. L'Angleterre demeure calme et indifférente, en apparencedu moins. Sir Hubert Peel, qui semble avoir adopté pour devise,Impavidum ferient ruinae, déclare qu'il ne veut ni du repeal, nid'une réforme religieuse en Irlande. La Chambre des Lords discute sansconclure, et le duc de Wellington demande que le pouvoir se tienne prêtà défendre les personnes et les propriétés. Espérons néanmoins qu'onreculera devant les conséquences d'un combat.
Les meetings d'Irlande, présentent un spectacle vraimentextraordinaire: trois ou quatre cent mille hommes accourant à unrendez-vous commun, s'échelonnant au pied d'un coteau pour entendre unorateur politique, voilà ce qui n'est d'accord ni avec nos moeurs, niavec nos lois. De même en Angleterre, dans ce pays dont la constitutionest si solide, si immuable, si inflexible on voit fréquemment desmeetings qui ont pour but le renversement ce cette même constitution.A l'heure indiquée, on hisse, les paroisses désertes, on suspend lestravaux agricoles et industriels; jeunes ou vieux, bravant la fatigue etle soleil, n'hésitent pas à faire un voyage de vingt on trente millespour venir se grimper autour d'un leader. Le pays convoqué se met enmarche comme un seul homme. Des milliers d'individus arrivent parescouades, avec des bannières sur lesquelles leurs voeux et leursespérances sont exprimés par une devise, par un signe emblématique.Quelquefois, lorsque le meeting doit être consacré à l'examen desgriefs des classes ouvrières, l'unique symbole est un pain porté au boutd'une perche. Le speaker paraît, monté sur une estrade et harangue lafoule. Aussitôt que le speech commence, le plus profond silences'établit. Le recueillement de l'assemblée permet à l'orateur de sefaire entendre au loin, et les phrases dites passent de bouche en bouchejusqu'aux personnes qui sont placées hors de la portée de sa voix. Det