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Hector Malot

EN FAMILLE(1893)

Table des matières

TOME PREMIERIIIIIIIVVVIVIIVIIIIXXXIXIIXIIIXIVXVXVIXVIIXVIIIXIXXXXXITOME SECONDXXIIXXIIIXXIVXXVXXVIXXVIIXXVIIIXXIXXXXXXXIXXXIIXXXIIIXXXIVXXVXXXVIXXXVIIXXXVIIIXXXIXXL

TOME PREMIER

I

Comme cela arrive souvent le samedi vers trois heures, les abordsde la porte de Bercy étaient encombrés, et sur le quai, en quatrefiles, les voitures s'entassaient à la queue leu leu: haquetschargés de fûts, tombereaux de charbon ou de matériaux, charrettesde foin ou de paille, qui tous, sous un clair et chaud soleil dejuin, attendaient la visite de l'octroi, pressés d'entrer dansParis à la veille du dimanche.

Parmi ces voitures, et assez loin de la barrière, on en voyait uned'aspect bizarre avec quelque chose de misérablement comique,sorte de roulotte de forains mais plus simple encore, formée d'unléger châssis tendu d'une grosse toile; avec un toit en cartonbitumé, le tout porté sur quatre roues basses.

Autrefois la toile avait dû être bleue, mais elle était sidéteinte, salie, usée, qu'on ne pouvait s'en tenir qu'à desprobabilités à cet égard, de même qu'il fallait se contenter d'àpeu près si l'on voulait déchiffrer les inscriptions effacées quicouvraient ses quatre faces: l'une, en caractères grecs, nelaissait plus deviner qu'un commencement de mot: [image caractèresgrecs]; celle au-dessous semblait être de l'allemand: graphie;une autre de l'italien: FIA; enfin la plus fraîche et française,celle-là: PHOTOGRAPHIE, était évidemment la traduction de toutesles autres, indiquant ainsi, comme une feuille de route, lesdivers pays par lesquels la pauvre guimbarde avait roulé avantd'entrer en France et d'arriver enfin aux portes de Paris.

Était-il possible que l'âne qui y était attelé l'eût amenée de siloin jusque-là?

Au premier coup d'oeil on pouvait en douter, tant il était maigre,épuisé, vidé; mais, à le regarder de plus près, on voyait que cetépuisement n'était que le résultat des fatigues longuementendurées dans la misère. En réalité, c'était un animal robuste,d'assez grande taille, plus haute que celle de notre âne d'Europe,élancé, au poil gris cendré avec le ventre clair malgré lespoussières des routes qui le salissaient; des lignes noirestransversales marquaient ses jambes fines aux pieds rayés, et, sifatigué qu'il fut, il n'en tenait pas moins sa tête haute d'un airvolontaire, résolu et coquin. Son harnais se montrait digne de lavoiture, rafistolé avec des ficelles de diverses couleurs, lesunes grosses, les autres petites, au hasard des trouvailles, maisqui disparaissaient sous les branches fleuries et les roseaux,coupés le long du chemin, dont on l'avait couvert pour le défendredu soleil et des mouches.

Près de lui, assise sur la bordure du trottoir, se tenait unepetite fille de onze à douze ans qui le surveillait.

Son type était singulier: d'une certaine incohérence, mais sansrien de brutal dans un très apparent mélange de race. Au contrairede l'inattendu de la chevelure pâle et de la carnation ambrée, levisage prenait une douceur fine qu'accentuait l'oeil noir, long,futé et grave. La bouche aussi était sérieuse. Dans l'affaissementdu repos le corps s'était abandonné; il avait les mêmes grâces quela tête, à la fois délicates et nerveuses; les épaules étaientsouples d'une ligne menue et fuyante dans une pauvre veste carréede couleur in

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