Poèmes et Récits
de la vieille France

Publiés sous la direction de
A. JEANROY
Membre de l’Institut

V

POÈMES ET RÉCITS DE LA VIEILLE FRANCE

V

La Chanson de la Croisade
contre les Albigeois

Principaux épisodes
TRADUITS PAR
JEAN AUDIAU

PARIS
E. DE BOCCARD, ÉDITEUR
1, RUE DE MÉDICIS, 1

1924

Il a été tiré de ce volume,
le cinquième de la Collection des

Poèmes et Récits de la Vieille France
50 exemplaires sur papier de Hollande
numérotés de 1 à 50.

AVANT-PROPOS

La Chanson de la Croisade contreles Albigeois[1], qui se compose de prèsde dix mille vers, est formée par laréunion de deux poèmes d’une étendueet d’une valeur bien inégales.

[1] C’est le titre que porte l’édition donnée parPaul Meyer, dans les Publications de la Sociétépour l’Histoire de France, (2 vol., Paris, 1875-79).Fauriel avait déjà publié cet ouvrage, en 1837,dans les Documents inédits pour servir à l’Histoirede France, sous le titre : Histoire de la Croisadecontre les Hérétiques Albigeois.

Le premier, qui va jusqu’au vers2770 et raconte les événements dontle Midi fut le théâtre entre 1207 et1213, est l’œuvre d’un clerc, originairede Tudela, appelé Guilhem, quile commença en 1210 : c’est le récitd’un chroniqueur consciencieux plutôtque d’un poète habile.

Toute cette partie de la Chanson estécrite dans une sorte de jargon franco-provençal,qui témoigne d’une connaissancebien imparfaite des deuxlangues : Guilhem, obéissant à une anciennetradition, estima sans douteque la langue d’oïl convenait davantageà l’épopée, et il s’efforça de franciserson œuvre.

La deuxième partie de la Chanson,qui commence avec l’entrée en guerredu roi Pierre d’Aragon (sept. 1213)et finit en 1219, est écrite, au contraire,en langue d’oc, et plus spécialement,semble-t-il, dans le dialectefuxéen[2] ; c’est une succession de scènesdramatiques et nuancées, dontl’auteur nous est malheureusement inconnu ;mais, comme son devancier,le troubadour anonyme abuse tropsouvent des répétitions et des chevilles.Aussi son poème, plus personnel,plus vibrant que celui de Guilhem deTudela, ne mérite cependant pas d’êtreadmiré sans réserve : c’est le cri d’unpartisan, ce n’est pas l’œuvre d’unvrai poète.

[2] Paul Meyer (op. cit., Introd., p. CXIV) supposeque l’auteur de cette seconde partie était unprotégé du comte de Foix, et rapproche la languede l’anonyme de celle parlée dans le pays deFoix. — On a proposé pour ce poète plusieursidentifications qui ne me paraissent pas fondées.

Les tendances des deux écrivainssont aussi bien différentes : Guilhemde Tudela penche pour les Croisés,dont il ne partage pas toujours, il estvr

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