LOUIS DELLUC

La
Guerre est morte

ROMAN

DEUXIÈME MILLE

PARIS
L’ÉDITION
4, RUE DE FURSTENBERG, 4

1917
Tous droits réservés

DU MÊME AUTEUR

  • Monsieur de Berlin (Librairie Fasquelle).

POUR PARAITRE

  • Les Secrets du confessionnal, roman.
  • Eïra Puma, roman.
  • Le Train sans yeux, roman.
  • Les Animaux malades de la paix, roman.

IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE :

Cinq exemplaires sur papier d’Arches (1 à 5)
et cinq exemplaires sur le même papier, marqués A à E

Copyright by Louis Delluc 1917

Tous droits de reproduction, traduction et adaptationréservés pour tous pays.

Pour une vivante
qu’on appelle Pretty Pray,
ou qu’on appelle Sainte,
ou qu’on appelle autrement.

Non, je ne relirai pas ces notes. Je neveux pas, même en littérature, revivre cettejournée invraisemblable. L’ai-je vécue seulement ?Ah ! je ne sais plus. J’ai souvenird’avoir approché le crime et le génie, et jesuis sûr d’avoir été fou, puisque j’ai suivi ladestinée de ces deux fous pendant quelquesheures. Je suis sûr aussi d’être innocent.Essayez de lire ce chaos. Vous comprendrezquel ouragan m’a emporté. Mais je suis innocent ;les juges l’on dit, les journaux l’ontdit : que ce soit une chose entendue ! Je demandele silence et le repos. Laissez-moireposer, je vous en supplie. Ne plus voir, neplus entendre, ne plus être ! Encore quelquesheures de repos, n’est-ce pas ? Vous voyezbien que je n’en peux plus.

Encore un mot.

C’est le 27 novembre que le drame a eulieu. Le 27 novembre 1915, un samedi, unebelle journée, vous souvenez-vous ? avecbeaucoup de froid et un petit peu de soleil.Réellement une parfaite journée de fin d’automne.

Cinq heures.

Nuit. Je dors.

Pourquoi m’éveiller brusquement ? Je mesuis couché très tard, après des heures de durtravail. Je me suis jeté dans mon lit, brisé,à bout d’élan, les nerfs en loques, sans fièvre.Presque mort. Et un besoin de sommeil, unefaim énorme de dormir. Vite, j’ai dormi,comme un tout petit, sans rêve, certainementsans rêve, et je suis bête de m’éveiller commesur un cri de cauchemar. Adieu, je dors.Quelle heure est-il ?

On sonne.

Hallucination ?

La sonnerie insiste. C’est ce qui m’a tiréde mon somme sépulcral. Je savais bien queje dormais un sommeil parfait. Il n’y avaitqu’un bruit violent pour… Mais je ne répondraipas. Sonne, mon ami, sonne, je suismort jusqu’à très tard et rien ne m’arracherade cet anéantissement. D’ailleurs, ce n’estrien de sérieux. Quelqu’un se trompe. Pasautre chose. On ne remet pas les télégrammesavant sept heures, et mes am

...

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