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JEAN-NU-PIEDS

PAR
ALBERT DELPIT
TOME PREMIER

PARIS E. DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR

1876

A MON CHER GRAND MAÎTREAUGUSTE MAQUET

Souvenir et gratitude pour les temps difficiles

ALBERT DELPIT

Paris, 7 août 1875.

PROLOGUE

FIDÈLE!

I

DEUX CAVALIERS

Vers la fin du mois de juillet de l'année 1830, deux cavalierstraversaient le village d'Ablon, situé à quinze kilomètres de Paris.

Ils paraissaient avoir fourni une longue course, car leurs vêtementspoudreux indiquaient de lointains voyageurs.

Ce sont deux rudes hommes, et tels que l'imagination se représente leschevaliers d'autrefois, enfermés dans leurs puissantes armures.

Le plus vieux, auquel on eût aisément donné plus de soixante-cinq ans,porte un sévère costume noir, passé de mode. Un manteau plié, àl'arrière de la selle, rappelle le bagage des officiers de cavalerie; leplus jeune est vêtu d'une simple jaquette grise, et se tient, pardéférence, à une demi-longueur en arrière. Le premier s'appelleHuon-Anne, marquis de Kardigân. Il est propriétaire de plusieurs lieuescarrées entre Guérande et Savenay.

La second se nomme tout simplement Aubin Ploguen. Il est né sur lesterres de Kardigân, et y mourra, si Dieu le veut. Le marquis avaitquitté son château, en compagnie de Ploguen, pour aller embrasser sesquatre enfants:

Louis, l'aîné, chef d'escadron dans la garde royale; le second,Philippe, élève à l'École Polytechnique; le troisième, Jean, qui, malgréses vingt ans, est entré aux gardes-du-corps, et, enfin, Marianne, safille chérie, ravissante enfant de dix-sept ans, qu'il va chercher aucouvent de la Vierge, rue Saint-Paul, pour en faire la joie et laconsolation de ses vieux jours.

Si le marquis de Kardigân est un de ces grands et robustesgentilshommes, comme en a enfantés la Bretagne, cette terre de granitrecouverte de chênes, à coup sûr Aubin Ploguen résume à merveille enlui l'idée qu'on peut en faire de la force humaine.

Au reste, la conversation qu'il eut avec son maître, en entrant auservice de Kardigân, édifiera pleinement le lecteur sur ce personnage,l'un des principaux de notre récit.

C'était vingt ans environ avant le commencement de cette histoire.

Cibot Ploguen, au moment de mourir, avait supplié le marquis de Kardigânde prendre chez lui son fils Aubin.

Cibot Ploguen, vétéran de toutes les chouanneries, avait sauvé plusieursfois la vie du gentilhomme pendant leurs éternelles guerres contre lesBleus.

Le marquis répondit seulement:

—Tu peux mourir tranquille, mon gars, je t'engage ma parole.

Et Cibot était mort tranquille.

Le lendemain,

...

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