ET
ET
OU
PAR
TRADUIT LIBREMENT DE L'ANGLAIS,
PAR
MME ISABELLE DE MONTOLIEU.
A PARIS,
CHEZ ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE,
RUE HAUTEFEUILLE, No. 23.
1815.
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Chapitres |
XLIII. |
XLIV. |
XLV. |
XLVI. |
XLVII. |
XLVIII. |
XLIX. |
L. |
LI. |
LII. |
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Au commencement d'avril, par un temps singulièrement beau pour lasaison, madame Jennings et ses deux jeunes amies partirent deBerkeley-Street et quittèrent Londres; elles devaient rencontrer, dansun endroit désigné, madame Charlotte Palmer, son enfant et ses gens, etse rendre à Cleveland tous ensemble. Comme on devait voyager lentement àcause de l'enfant, M. Palmer et le colonel Brandon préférèrent 2suivre à cheval et devaient les rejoindre le lendemain de leur arrivée.
Maria, toujours vive, toujours exagérée dans tous ses sentimens, s'étaitréjouie de quitter cette ville où elle n'avait eu que des peines, et aumoment d'en partir, son cœur se serra en pensant au plaisir qu'elleavait eu en y arrivant, à l'espoir qui embellissait les premiers momensde son séjour. Elle y laissait ce Willoughby qu'elle était venuerejoindre avec tant de joie et qu'elle ne pouvait oublier, perdu àjamais pour elle, retenu dans de nouveaux liens, ne l'ayant peut-êtrejamais aimée; et ces pensers déchirans, renouvelés au moment du départ,lui firent verser autant de larmes que si elle avait laissé derrièreelle le bonheur.
Elinor les partageait, comme 3 toutes les peines de sa sœur; maisce redoublement de chagrin étant plus dans son imagination qu'enréalité, elle espérait que l'air de la campagne, la tranquillité deBarton, le plaisir de retrouver sa mère remettraient sa santé etrendraient dans peu de mois la paix à son cœur. De son côté Elinor nelaissait rien à Londres qui pût exciter en elle la moindre douleur; elleétait bien aise d'être à l'abri des confidences de Lucy, et de sapersécutante et fausse amitié; elle remerciait aussi le ciel de ce quele traître Willoughby ne s'était point offert à sa vue ni à celle de sasœur; elle s'efforçait de ne plus penser à Edward que comme on penseà un ami marié, et tâchait, par une douce gaieté, de distraire un peu lapensive et triste Maria; elle y réussit assez bien. Sur la 4