PIERRE LOTI
PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES
3, RUE AUBER, 3
1890
Droits de reproduction et de traduction réservés.
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
DU MÊME AUTEUR
Format grand in-18 | |
AZIYADÉ | 1 vol. |
FLEURS D'ENNUI | 1 — |
LE MARIAGE DE LOTI | 1 — |
MON FRÈRE YVES | 1 — |
LE ROMAN D'UN SPAHI | 1 — |
PÊCHEUR D'ISLANDE | 1 — |
PROPOS D'EXIL | 1 — |
Format petit in-8o | |
LES TROIS DAMES DE LA KASBAH | 1 vol. |
Format in-8o cavalier | |
MADAME CHRYSANTHÈME, imprimé sur magnifiquevélin et illustré d'un grand nombred'aquarelles et de vignettes par Rossi etMyrbach | 1 vol. |
IMPRIMERIE CHAIX, RUE BERGÈRE, 20, PARIS.—25446-11-9.
A MONSIEUR J. PATENOTRE,
MINISTRE DE FRANCE AU MAROC
HOMMAGE D'AFFECTUEUSE RECONNAISSANCE
P. L.
J'éprouve le besoin de faire ici une légère préface;—jeprie qu'on me pardonne, parce que c'est lapremière fois.
Aussi bien voudrais-je mettre tout de suite engarde contre mon livre un très grand nombre depersonnes pour lesquelles il n'a pas été écrit. Qu'onne s'attende pas à y trouver des considérations surla politique du Maroc, son avenir, et sur les moyensqu'il y aurait de l'entraîner dans le mouvementmoderne: d'abord, cela ne m'intéresse ni ne meregarde,—et puis, surtout, le peu que j'en penseest directement au rebours du sens commun.
Les détails intimes que des circonstances particulièresm'ont révélés, sur le gouvernement, lesharems et la cour, je me suis même bien gardé de lesdonner (tout en les approuvant dans mon for intérieur),par crainte qu'il n'y eût là matière à clabauderiespour quelques imbéciles. Si, par hasard, lesMarocains qui m'ont reçu avaient la curiosité de melire, j'espère qu'au moins ils apprécieraient ma discrèteréserve.
Et encore, dans ces pures descriptions auxquellesj'ai voulu me borner, suis-je très suspect de partialitépour ce pays d'Islam, moi qui, par je ne saisquel phénomène d'atavisme lointain ou de préexistence,me suis toujours senti l'âme à moitié arabe:le son des petites flûtes d'Afrique, des tam-tams etdes castagnettes de fer, réveille en moi comme dessouvenirs insondables, me charme davantage que lesplus savantes harmonies; le moindre dessin d'arabesque,effacé par le temps au-dessus de quelqueporte antique,—et même seulement la simplechaux blanche, la vieille chaux blanche jetée ensuaire sur quelque muraille en ruine,—me plongedans des rêveries de passé mystérieux, fait vibrer enmoi je ne sais quelle fibre enfouie;—et la nuit,sous ma tente, j'ai parfois prêté l'oreille, absolumentcaptivé, frémissant dans mes dessous les plus profonds,quand, par h