BIBLIOTHÈQUE DU HÉRISSON
(ŒUVRES NOUVELLES)
MAGALI-BOISNARD
Connais-tu la main du destin ?Le destin a cinq doigts.Qu’ils se posent sur toi et tu les connaîtras.Deux pour les yeux,Deux pour les oreilles…Son dernier doigt sur ta bouche dira :« Tais-toi ! »Gazini
AMIENS
LIBRAIRIE EDGAR MALFÈRE
7, RUE DELAMBRE, 7
(Dépôt à Paris, 1, rue Vavin, 6e arr.)
1921
JUSTIFICATION DU TIRAGE
Il a été tiré :
La présente édition est l’édition originale de cet ouvrage.
Tous droits de reproduction réservés.
Copyright 1921 by Edgar Malfère.
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
En préparation
… Née au temps où les oliviers kabyles fleurissentles pentes montagnardes et les sentiers pierreux entreles vergers, Mâadith devait être belle. Les vieillesreconnurent cela dès sa naissance et ses parents seréjouirent dans leur pauvreté laborieuse, car la beautéest la puissance divine et singulière qui enchante àjamais les hommes et les femmes.
Dix années passèrent, marquées aux retours desrafales de neige dans les cèdres du Djurdjura et dubourdonnement des guêpes dans les oliviers refleuris.Parmi la brousse et les gneiss grisâtres, Mâadith gardaitles chèvres du village d’Ighli, dont quelques-unesétaient le bien paternel.
Le front étroit et bombé sous des cheveux touffus,le corps mince dans un lambeau de draperie bleue,Mâadith était aussi bondissante que son troupeau. Sesyeux éblouissaient son visage de statuette brune. D’humeurorgueilleuse et sauvage plus qu’aucune de sespareilles, elle jouait parfois avec les autres bergers, maispréférait la solitude, habile à se parer de colliers debaies de myrte, à défier les singes aventureux descendusdes cèdres et à disputer aux chevreaux le lait des chèvres.Elle n’aimait pas son frère Ouali, mais elle l’admiraitpour sa taille élevée au-dessus de celle des autresgamins et parce que, fort de sa qualité de mâle et d’aîn