NOUVELLE ÉDITION.
LONDRES:
RICHARD BENTLEY,NEW BURLINGTON STREET.
1834.
LONDRES:
SCHULTZE ET CO. POLAND STREET.
Les éditions de Paris et de Lausanne, étant devenuesextrêmement rares, j'ai consenti enfin à ce que l'on republiât àLondres ce petit ouvrage tel que je l'ai composé.
La traduction, comme on sait, a paru avant l'original; il est fort aiséde croire que ce n'était pas mon intention; des circonstances, peuintéressantes pour le public, en ont été la cause.
J'ai préparé quelques Episodes; ils sont indiqués à la page 200, comme faisant suite à Vathek; peut-êtreparaîtront-ils un jour.
Vathek, neuvième Calife1 de la race des Abbassides,était fils de Motassem, et petit-fils d'Haroum Al-Rachid. Il monta surle trône à la fleur de son âge. Les grandes qualités qu'il possédaitdéjà, faisaient espérer à ses peuples que son règne serait long etheureux. Sa figure était agréable et majestueuse; mais quand il étaiten colère, un de ses yeux devenait si terrible qu'on n'en pouvaitsoutenir le regard: le malheureux sur lequel il le fixait tombait à larenverse, et quelquefois même expirait à l'instant2.Aussi, dans la crainte de dépeupler ses états et de faire un désert deson palais ce prince ne se mettait en colère que très-rarement.
Il était fort adonné aux femmes et aux plaisirs de la table. Sagénérosité était sans bornes, et ses débauches sans retenue. Il necroyait pas comme Omar Ben Abdalaziz3,qu'il fallût se faire un enfer de ce monde, pour avoir le paradis dansl'autre.
Il surpassa en magnificence tous ses prédécesseurs. Le palaisd'Alkorremi bâti par son père Motassem sur la colline des chevaux pies,et qui commandait toute la ville de Samarah4 nelui parut pas assez vaste. Il y ajouta cinq ailes ou plutôt cinq autrespalais, et il destina chacun d'eux à la satisfaction d'un des sens.
Dans le premier de ces palais, les tables étaient toujours couvertesdes mets les plus exquis. On les renouvelait nuit et jour, à mesurequ'ils se refroidissaient. Les vins les plus délicats et les meilleuresliqueurs coulaient à grands flots de cent fontaines qui ne tarissaientjamais. Ce palais s'appelait le Festin éternel oul'Insatiable.
On nommait le second palais le Temple de la Mélodie ou leNectar de l'Ame. Il était habité par les premiers musiciens etpoètes de ce temps, qui, se dispersant par bandes, faisaient retentirtous les lieux d'alentour de leurs chants.
Le palais nommé les Délices des yeux, ou le Support de lamémoire, était un enchantement continuel. Des raretés rassembléesde toutes les parties du monde, s'y trouvaient en profusion et dans lebel ordre. On y voyait une galerie de tableaux du célèbre Mani5, et des statues qui paraissaient animées. Là,une perspective bien ménagée charmait la vue; ici, la magie del'optique la trompait agréablement; autre part, on trouvait tous lestrésors de la nature. En un mot, Vathek, le plus curieux des h