Traduction Nouvelle
Paris.
DONDEY-DUPRÉ PÈRE ET FILS, IMPR.-LIBR., ÉDITEURS,
RUE SAINT-LOUIS, N° 46,
ET RUE RICHELIEU, N° 47 bis.
C'est à peu près à cette époque (octobre 1811), que j'eus le bonheur devoir Lord Byron pour la première fois et de me lier avec lui. Lacorrespondance qui fut la source de notre amitié est on ne peut pluspropre à faire connaître la mâle franchise de son caractère. Comme c'estmoi qui la commençai, on me pardonnera un peu d'égoïsme dans le détaildes circonstances qui y donnèrent lieu. En 1806, la plupart des feuillespubliques parlèrent avec beaucoup de raillerie et tournèrent en ridiculeune affaire qui s'était passée entre M. Jeffrey et moi à Chalk-Farm, sefondant sur un faux rapport de ce qui nous était arrivé, àBow-Street1, devant les magistrats. J'adressai en conséquence unelettre à l'éditeur de l'un de ces journaux, dans laquelle jecontredisais les faussetés qu'ils avaient avancées, et rétablissais lesfaits dans toute leur vérité. Pendant quelque tems, ma lettre parutproduire l'effet que je m'en étais promis, mais malheureusement, lapremière version prêtait trop aux sarcasmes et aux plaisanteries pourcéder facilement à la vérité de la seconde. Aussi, toutes les fois quel'on faisait allusion à cette affaire dans le public, l'on ne manquaitpas de rappeler uniquement le premier écrit, parce qu'on le trouvaitplus piquant.
Lorsqu'en 1809 parut, pour la première fois, la satire intitulée LesPoètes anglais et les Journalistes écossais, je vis que l'auteur, etl'on s'accordait à attribuer l'ouvrage à Lord Byron, non-seulements'égayait dans ses vers avec autant de malignité que de talent sur cesujet, mais encore que, sous la forme plus grave d'une note, il donnaitun aperçu de l'affaire, telle qu'on l'avait d'abord présentée, et parconséquent en contradiction directe avec le compte que j'en avaispublié. Toutefois, comme cette satire était anonyme, et que saseigneurie ne l'avait point reconnue, je ne me crus aucunement obligéd'y faire attention, et j'oubliai entièrement cet incident. Pendantl'été de cette même année, parut la seconde édition de l'ouvrage,portant cette fois le nom de Lord Byron. J'étais alors en Irlande,entretenant peu de relations avec le monde littéraire, et plusieurs moisse passèrent avant que j'eusse connaissance de cette nouvelle édition.Dès que je l'eus obtenue, l'offense prenant un tout autre caractère degravité, j'adressai à Lord Byron la lettre suivante, que j'e