L'Illustration, No. 3675, 2 Août 1913


(Agrandissement)

Supplément à L'ILLUSTRATION du 2 Août 1913.
[Note du transcripteur: Ce supplément a été reporté à la fin du présent document.]

Ce numéro contient:

1° LA PETITE ILLUSTRATION, Série-Théâtre n° 14: Sophonisbe, de M. AlfredPoizat;
2° Deux pages supplémentaires sur les Massacres en Macédoine;
Un Supplément économique et financier de deux pages.


CELLES QUI ONT TOUT PERDU Femmes grecques de Doxato, dontles Bulgares ont massacré les fils et les maris, pillé et brûlé lesdemeures. Photographie René Puaux.


LA PETITE ILLUSTRATION

Nous commencerons dans le prochain numéro de La Petite Illustration(série roman) la publication d'une œuvre profondément originale etémouvante de M. Gaston Rageot:

La Voix qui s'est tue.

Nouspublierons ensuite le grand roman, si attendu, auquel travaille encorele maître de la psychologie contemporaine, M. Paul Bourget:

Le Démonde midi.



COURRIER DE PARIS

LES OMBRES

Dieu n'a peut-être créé le rayon que pour nous donner l'ombre.

Si l'ombre est, en effet, la fille du rayon, elle est parfois--bien quediversement--aussi belle que lui. Elle l'explique, le fait valoir, leformule et l'achève. Elle est, par opposition, son calme et son repos.Elle le disperse, et l'étale comme un baume.

C'est seulement en pleine nature, et l'été, sous le ciel libre et mis ànu, hérissé de lumière, que je jouis des ombres. Elles passent pourtantinaperçues de la plupart des hommes qui ne se doutent pas de ce queserait le monde si tout à coup, par toute la terre, de toutes lessurfaces où, comme de grands et petits oiseaux momentanément immobiles,elles sont éployées... les ombres s'envolaient!... Oui... Le temps detourner la tête, et plus d'ombres! Si nos yeux, qui ne s'occupaient pasd'elles, étaient attirés, ramenés soudain vers la place, immense etdévastée, qu'elles meublaient tout à l'heure, et que nous fussions, enun éclair, terrifiés de leur disparition et aveuglés de leur absence!Effroyable pensée qui nous disloque, et que repousse en nous tout ce quis'émeut! tellement l'ombre s'impose au désir des sens, à l'instinct ducœur, à la sagesse du rêve. Elle est une nécessité, physique et idéale.

Aussi, que les ombres, me plaisent! J'aime vivre avec elles. C'est macompagnie.

Tout d'abord je suis heureux d'épuiser, sans songer à rien, leur charmeet leur mystère. Je les vois innombrables, jamais pareilles,capricieuses et cependant méthodiques, montrant bien qu'elles obéissentà des lois inconnues, à des ordonnances secrètes. Pendant des heures,des journées, je vais de l'une à l'autre, les visitant, les franchissantcomme des gués. Je les quitte, je les compare, et je demeure émerveillédes beautés et des joies qu'elles me déplient. Je les mesure et j'enfais le tour. Je les observe de près et de loin, je les touche, et jefais semblant de vouloir les capter pour leur procurer le petit plaisir,

...

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