Au lecteur


EN VOYAGE


par

MADAME MARIE DE GRANDMAISON

A. CAPENDU, EDITEUR — PARIS


1

—Quel bonheur! disait Hélène à son frère Jacques, c’est aujourd’hui que nous partons.

—Et cette fois appuya le petit garçon, pour un vrai voyage! Ça ne sera plus comme à notre départ pour la campagne, qui ne nous laisse que quelques heures dans le train; on a à peine le temps de s’installer.

—Autrefois, remarqua Hélène, quand les chemins de fer n’existaient pas, il fallait plusieurs jours pour s’y rendre en diligence.

—C’est là qu’on devait s’amuser à voir courir les chevaux et à regarder toutes les maisons les unes après les autres. Ça devait ressembler aux excursions en mail-coach que papa nous fait faire pendant l’été.

—J’aime mieux la nouvelle manière de voyager, dit la fillette, on est plus vite arrivé. Pense donc au temps que nous mettrions pour aller en Suisse en diligence et en revenir; les vacances seraient terminées et nous ne pourrions pas y séjourner.

—Et ça doit être si beau la Suisse avec toutes ses grandes montagnes, s’exclama Jacques. Je suis si content que j’en ai rêvé cette nuit. Tu ne devinerais jamais de quelle façon nous partions.

—Comment? demanda Hélène.

—En ballon!... Maman n’avait pas voulu nous accompagner, et nous étions seuls avec papa, pour monter dans la nacelle. Maman nous saluait avec son mouchoir en guise de drapeau. Il y avait beaucoup de monde réuni pour voir notre ascension. L’aérostat était superbe, tout rouge avec une grande bande jaune sur laquelle on lisait: Victoria! c’est-à-dire: Victoire! Je me souviens de tous ces détails comme si c’était la vérité; et au moment où papa criait: «Lâchez tout» et où nous allions nous élever dans les airs, j’ai ouvert les yeux dans mon petit lit.

—C’est bien drôle répliqua Hélène, car moi aussi, j’ai été poursuivie de l’idée de notre voyage jusque dans mon sommeil. J’étais persuadée que nous faisions tous deux la route à bicyclette. Il nous arrivait toutes sortes de mésaventures. Nous étions souvent obligés de nous arrêter pour graisser nos machines ou pour regonfler nos pneus. Dans les descentes, nous pédalions à toute vitesse. C’était toujours moi qui ouvrais la marche.

—Tu voulais sans doute m’entraîner? répartit Jacques.

—Ne suis-je pas l’aînée? approuva la fillette. Quand il survenait des montées, nous mettions pied à terre et prenions nos vélos à la main. Je crois encore y être! Tout à coup, il m’a semblé que mon guidon se brisait, j’ai poussé un cri, et je me suis éveillée croyant rouler par terre...

—Mais ce n’est pas tout, continua Hélène; lorsque j’ai recommencé à dormir, c’est sur un bateau que je me trouvais. Nous glissions sur une eau limpide au près de belles montagnes.

—Etions-nous traînés par des cygnes?

—Ne te moque pas de moi, ou je ne te raconterai plus rien!

—Si, si, continue, dit Jacques, je serai grave comm

...

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