PIERRE MILLE
PARIS
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
3, RUE AUBER, 3
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
DU MÊME AUTEUR
BARNAVAUX ET QUELQUES FEMMES | 1 vol. |
LA BICHE ÉCRASÉE | 1 — |
CAILLOU ET TILI | 1 — |
LOUISE ET BARNAVAUX | 1 — |
SOUS LEUR DICTÉE | 1 — |
SUR LA VASTE TERRE | 1 — |
Droits de traduction et de reproduction réservéspour tous les pays.
Copyright, 1914, by CALMANN-LÉVY.
E. GREVIN — IMPRIMERIE DE LAGNY
Il a été tiré de cet ouvrage
VINGT-CINQ EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE,
tous numérotés.
Mon cher ami, c’est au temps déjà quelquepeu lointain de notre jeunesse, dansun joyeux petit coin du Midi dont il seraitindiscret sans doute de livrer le nom auxcuriosités du lecteur, mais qui toujours estdemeuré bien cher à mon souvenir, que celivre s’est ébauché, pour ainsi dire entre nousdeux, et à notre insu. Il n’est donc que justeque je te le dédie ; et peut-être n’est-ce encorequ’insuffisamment reconnaître ta part de collaboration.
Voyageur impénitent et passionné, moi quiai parcouru la face de la terre, plus curieuxencore de l’âme et de la signification deshommes que des paysages, il me semble bientoutefois que je dus, la plupart du temps, merésigner à ne pénétrer cette âme que par truchementet interprète, si je puis dire, m’abandonnantavec confiance à d’autres : ceuxqui savaient la langue de ces pays étranges,en possédaient l’esprit. Et voici que, même enFrance, il en a été de même. Sans ta claireet généreuse intelligence, sans la précisionsingulière de ta mémoire, qui n’oublie jamaisle plus fragile détail, s’il est caractéristique,sans la profonde amitié qui nous unit, et quia fait que rien de ce que nous sentîmes ensemble,aucun de nous deux jamais n’a pul’oublier, je n’eusse point compris certains aspectsoriginaux de cette Provence où tu es né ;c’est toi qui fis du Septentrional que je suis,et qui ne renie rien de sa patrie d’origine,un Méridional d’adoption.
Puis-je espérer alors que tu liras ces pagesavec indulgence ? Tes compatriotes m’inspirenttrop de sympathie pour qu’elles puissentparaître, je m’en assure, diffamatoires oumême ironiques, bien que ce soit le défaut dequelques esprits, de nos jours, de voir del’ironie où n’y a qu’un effort vers la véritéet la lucidité : ce qui me peine. Tu mediras donc bien franchement si le Monarquen’est point, par hasard, un ouvrage un peuplus sérieux qu’il n’en a l’air, et quelquechose peut-être comme une modeste contributionà la science toute moderne de la géographiesociale. Tel fut, en tout cas, mon tropambitieux désir. Seulement je ne sais queldémon, dont j’accueillis d’ailleurs, je l’avoue,les tentations sans répugnance, a vou